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Urgence climatique et élections provinciales


En octobre 2018, une fois de plus, nous retournerons aux urnes. Au lendemain de l’un des étés les plus brûlants que l’hémisphère Nord ait connu, ne serait-il pas temps, enfin, que celles et ceux qui prétendent vouloir nous représenter parlent des vrais enjeux, ceux qui auront une importance capitale pour notre avenir? Comme nous subissons déjà les effets des changements climatiques, le climat doit être au centre des débats politiques.

Depuis longtemps, bon nombre de groupes citoyens sensibilisent la population, les politiciens, les acteurs sociaux quels qu’ils soient aux enjeux relatifs au climat. D’ailleurs, malgré ce qu’en dit l’industrie, le travail incessant des militantes et des militants pour empêcher la transformation du port de Cacouna en port pétrolier ou l’implantation du projet Énergie Est de TransCanada est parvenu à influencer le cours des événements. Mais pour arriver à cela, combien de démarches officielles, de mémoires, de rencontres avec des élus, de manifestations, de lettres ouvertes, de courriels, de pétitions a-t-il fallu? Combien de bénévoles, de temps, d’espérance et d’énergie?

Est-il normal d’en faire autant afin d’informer tout un chacun et de découvrir que les politiciens semblent toujours aussi peu au fait des effets des changements climatiques? La preuve? Les projets de forage au Québec, l’achat d’un oléoduc au Canada, une loi passée sous bâillon et des règlements complaisants pour encadrer l’exploitation pétrolière en faisant fi de la sécurité même de la population et de l’intégrité du territoire, sans oublier les fonds publics, y compris ceux destinés à la transition énergétique1, dilapidés par dizaines de millions sans que cela ne génère de réelles retombées. Enfin, comment ne pas évoquer ce procès honteux intenté par la pétrolière Gastem contre une municipalité de 150 habitants qui voulait protéger son eau potable sans que le gouvernement vienne lui prêter main-forte. Heureusement, la justice a donné raison à Ristigouche-Sud-Est.

Mensonge et écocide

Depuis longtemps, les gouvernements favorisent les industries ayant une logique « extractiviste », dont on connaît maintenant les effets délétères. Il faut dire que ces entreprises emploient de plus en plus de lobbyistes, qui inondent les élus d’information que ces derniers, peut-être faute de temps, acceptent sans se questionner2. Mais tout comme l’industrie du tabac savait que son produit était potentiellement cancérigène, les pétrolières connaissent depuis longtemps les effets néfastes de leur industrie. Ainsi, par exemple, « ExxonMobil a mis en place, au moins entre 1977 et 2014, des tactiques pour induire en erreur le public sur la réalité des connaissances scientifiques sur le sujet»3. Les pétrolières ont dépensé des sommes colossales afin qu’une autre vérité soit présentée. Peut-être qu’un jour sera entrepris un vaste recours collectif pour crime contre l’humanité ou encore pour écocide4, car très bientôt les effets seront si importants que des populations entières, quelle que soit leur espèce, feront face à des défis d’une ampleur inégalée, sans parler des problèmes de santé majeurs causés par la pollution atmosphérique ou encore celle de l’eau.

Toutefois, en cet été caniculaire, les effets réels du réchauffement climatique ont fait beaucoup pour sensibiliser la population. Un peu partout, des témoignages, des prises de parole surgissent sur les réseaux sociaux. Les critiques à l’égard des gouvernements fédéral et provincial abondent. Les actions des politiciens sont non seulement insuffisantes, mais, pire encore, certaines, comme l’achat du pipeline Trans Mountain par le gouvernement Trudeau ou le refus du gouvernement Couillard de protéger les caribous de Val-d’Or, prouvent un recul inquiétant. En permettant des coupes dans des forêts dont l’écosystème est complexe, en permettant que soient construits de nouveaux pipelines, alors que l’on sait devoir laisser dans le sous-sol 80 % de ces ressources afin d’atteindre la cible de la COP21, on fait un mauvais calcul, car les emplois sauvés aujourd’hui seront perdus demain. Lorsque la forêt boréale aura été épuisée, lorsque les forages pétroliers auront pompé le peu de pétrole qui se trouve dans nos sous-sols en mettant en péril la qualité de l’eau, de nouveau, on cherchera des emplois en laissant derrière nous des régions dévastées par une vision dépassée de l’industrie.

La prochaine élection est un test important pour toutes celles et tous ceux qui se targuent de vouloir représenter la population et jurent de ne travailler que pour son bien. Les citoyennes et les citoyens doivent devenir des acteurs vigilants pendant cette campagne et doivent exiger des engagements concrets : une réelle transition énergétique sans gaz naturel, la réduction de notre empreinte carbone, la protection de l’eau, du territoire et le développement d’un nouveau modèle agricole et industriel ainsi que beaucoup de courage politique pour mettre tout cela en œuvre.

1. Gérard Montpetit, « Subvention à Suncor : Philippe Couillard récompense la délinquance en affaires et l’absence d’éthique publique », Météo Politique, meteopolitique.com/Fiches/petrole/analyse/Suncor/Subvention-a-Suncor-Recompense-delinquance-affaires-absence-ethique.htm

2. Julien Licourt, « Quand les députés recopient les textes des lobbyistes », Le Figaro.fr, 28 janvier 2015, www.lefigaro.fr/politique/2015/01/27/01002-20150127ARTFIG00196-quand-les-deputes-recopient-les-textes-des-lobbyistes.php

3. Aude Massiot, « Pétrole et climat : un secteur menteur par essence », Libération, 28 août 2017, www.liberation.fr/planete/2017/08/28/petrole-et-climat-un-secteur-menteur-par-essence_1592495

4. Marie-Béatrice Beaudet, « L’écocide, un concept-clé pour protéger la nature », Le Monde, 19 mai 2017, www.lemonde.fr/planete/article/2017/05/19/l-ecocide-un-concept-cle-pour-pr

https://www.moutonnoir.com/2018/09/urgence-climatique-et-elections-provinciales

oteger-la-nature_5130487_3244.html


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