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Quand le maire Parent bafoue la démocratie participative et minimise les inquiétudes et la sécurité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Rimouski, le 24 juillet 2017: Il nous apparaît important de réagir à la sortie inopinée du maire de Rimouski parue dans le journal L'Avantage le 20 juillet dernier : «Le maire Parent s’en prend à L’Avantage» (1)

Dans le dossier du projet Chaleur Terminals qui vise le transport de pétrole lourd des sables bitumineux par train-bloc (deux fois 120 wagons par jour), le maire Parent affirme: «Quatre de nos véhicules autopompes ont de la mousse en permanence à leur bord et nous avons une réserve additionnelle de 250 gallons dans nos casernes. Vient s’ajouter à cela un total de 3 200 gallons additionnels de mousse répartis sur le territoire de Rimouski que le Service de lutte contre l’incendie est habilité à réquisitionner. Sans compter ce qui est disponible ailleurs, puisque cette mousse est diluée dans de l’eau, on pourrait arroser l’équivalent de 7,7 millions de litres de mousse. »

Le bel inventaire que la ville possède et que M. Parent étale ici, on en connaît déjà les détails depuis un bon moment. Son intervention ne fait que démontrer à quel point nos craintes sont plus que justifiées. Il faudrait plutôt qu’il mette cela en perspective avec la réalité quand frappe une catastrophe de l’ampleur de Lac-Mégantic. On sait surtout ceci depuis juillet 2013 : «Arrivés sur place, les pompiers sont impuissants. La chaleur qui se dégage des citernes avoisine les 1500 degrés Celsius. Ils ne peuvent s'approcher à moins de 700 mètres du brasier. On sait que le seul produit pour éteindre un feu d'hydrocarbure, c'est la mousse ignifuge. Mais, à Lac-Mégantic, il en faudra une quantité phénoménale. Le problème, c'est qu'aucune caserne au Québec n'en dispose d'autant.»(2)

Le 24 juillet 2013, le gouvernement du Québec annonçait que le train qui a déraillé à Lac-Mégantic comptait 72 wagons de 100 000 litres chacun, soit un total de 7,2 millions de litres de pétrole brut léger. Sur cette quantité, «5 630 000 litres ont été brûlés ou déversés dans l’environnement.» (3) Dans le cas qui nous préoccupe ici, à Rimouski et partout où passeront ces trains, Chaleur Terminals voudrait nous imposer un projet qui vise deux train-blocs de 120 wagons soit un total de 24 millions de litres de pétrole. De plus, on parle cette fois-ci de bitume brut mélangé à des diluants hautement inflammables pour former ce que l'industrie nomme du dilbit. De véritables bombes sur rail!

Pour bien vulgariser et afin que les gens saisissent la teneur de ce qu'affirme M. Parent à propos de notre capacité d’intervention en cas de catastrophe, c'est un peu comme s'il disait aux Rimouskoises et aux Rimouskois que la ville est en mesure d'éteindre un immeuble en flammes avec un verre d'eau.

Ainsi, le maire nous accuse, ainsi que le journaliste de L’Avantage, d’être alarmistes alors que nous, qui sommes fortement préoccupés par les risques que l’on veut nous faire courir, nous constatons qu’il a en fait un comportement déplacé envers des citoyens profondément préoccupés. Le groupe Prospérité Sans Pétrole s'implique bénévolement dans le dossier du transport de pétrole par train, plus spécifiquement le projet Chaleur Terminals, depuis septembre 2014. Et, depuis, nous réclamons deux choses: quelle est la position de la ville en ce qui concerne ce projet? et quel est le plan d'urgence prévu au cas où cet effroyable projet aurait lieu? (4)

Grâce à nos interventions publiques et auprès du conseil municipal, les médias ont enquêté afin de savoir quel était le plan d’urgence de Rimouski en cas de catastrophe provoqué par un train-bloc pétrolier. Un reportage réalisé par Radio Canada le 29 avril 2015 démontre clairement que toutes les craintes qui nous habitent depuis des années sont fondées et justifiées: «Si on parle de matières dangereuses, généralement, [les endroits situés à moins de] 300 mètres de rayon, ce sont des endroits qui sont à risque» y apprend-on du Service incendie de Rimouski (Jean-Sébastien Meunier, directeur par intérim du Service de sécurité incendie, Ville de Rimouski).(5)

Rappelons que, dans ce périmètre de 300 mètres, se trouvent presque toutes les grandes institutions rimouskoises : l'hôpital, le cégep, l'université et l'hôtel de ville. Plus de cent immeubles, incluant des commerces, des résidences, une école et une garderie, longent la voie ferrée de part et d'autre au centre-ville de Rimouski. On sait donc depuis plus de deux ans que si un déraillement devait survenir, ce serait le plan général des mesures d'urgence de la Ville qui s'appliquerait et non un plan spécifique au pétrole lourd.

Lors de ce reportage, l'administration municipale avait promis des ajustements au plan d’urgence. Le 9 septembre 2015, nos craintes se sont accentuées lorsque nous avons appris qu’en plus de la Ville de Rimouski, les principales institutions n'avait pas de plan d'urgence spécifique en cas de déraillement de train, même si une voie ferrée traverse la ville sur trois kilomètres. Les établissements de santé, l'Université et le Cégep s'en remettent à leur plan d'urgence général, et ce, même s’ils sont situés à quelques centaines de mètres du rail. (6) Le maire Parent use d’insulte intellectuelle envers notre groupe lorsqu’il répète la même cassette usée du maire Forest dans ce dossier.

Plutôt que d'avoir droit à un plan dévoilé publiquement, en 2016, nous apprenions que la Ville avait inscrit ce qui suit dans son plan d'action 2016 : Poursuivre la refonte du Plan de sécurité civile de la Ville de Rimouski en fonction des changements dans l’organisation et y ajouter un plan particulier d’intervention en cas d’accident ferroviaire impliquant du pétrole brut. (7)

À plusieurs reprises, le groupe Prospérité Sans Pétrole est retourné questionner la Ville. Dans ce contexte, les questions que nous posions au conseil municipal lors de nos interventions étaient les suivantes: à quel moment le plan d’urgence serait-il rendu publique? À quel moment serait-il prêt ? Pourquoi cela tardait-il autant ? Y aura-t-il de l’achat d’équipement en fonction de ce type de transport et de ce type de produit transporté ? Qui en assumera les coûts et quelle part de la facture retombera sur les épaules des citoyennes et des citoyens afin d'accommoder un promoteur pétrolier qui devrait en fait être celui qui paye la facture pour les externalités que son projet occasionne? Même si ce que nous espérons vraiment, ce que nous appelons de tous nos voeux est que la Ville fasse connaître son opposition à un tel projet.

Un an et demi plus tard après que la Ville se soit engagée à mettre en place un tel plan, le 16 décembre 2016, presque comme un cadeau de Noël, on apprenait que Rimouski aurait bientôt un plan en cas d'accident ferroviaire. La loi prévoit que ce sont les municipalités qui sont responsables de mettre en place le plan de sécurité civile. À Rimouski, la Ville n'a pas de plan spécifique en cas de déraillement de train, mais continue d’affirmer que tout va bien: «On est quand même assez avancés sur le plan d'intervention pour ce qui est du risque [du transport par] train... C'est pas complété, mais on est à 95 % avancés dans ce dossier et ce sera présenté au conseil prochainement,» avait affirmé Vincent Tanguay, directeur général adjoint de la Ville de Rimouski (8)

Entre temps, le 20 février 2017, nous apprenions que la ville de Lévis se dotait d'un équipement pour lutter contre les incendies d'hydrocarbures. La remorque est notamment dotée d’une mousse extinctrice capable de combattre ce type de feu. Le maire de Lévis indiquait que les équipements les plus performants au Québec pour éteindre les feux d’hydrocarbures appartenaient jusqu’ici à des compagnies privées comme la raffinerie Valero et le Canadien National. Il était grand temps que le secteur public dispose d’un outil de ce genre. «Il faut de plus en plus se doter des équipements nécessaires pour être capables d'intervenir. On a vu ce qui est arrivé à Lac-Mégantic», a affirmé Gilles Lehouillier, maire de Lévis.(9)

Aujourd'hui, le 24 juillet 2017, soit plus de deux ans plus tard, le mystérieux plan n'est toujours pas rendu public et la population n'a de réponses aux questions posées ces dernières années. Pire, bien d'autres questions s'ajoutent à nos préoccupations.

Que se passe-t-il avec le 5% qu'il restait à compléter pour ce plan? Comment se fait-il que le conseiller Pierre Chassé qui brigue la mairie de Rimouski a publié sur sa page Facebook, le 5 juillet dernier, le post suivant : «Le 6 juillet 2017, ce sera le 4ème anniversaire de la catastrophe du Lac-Mégantic. Sympathies renouvelées aux familles éprouvées. Ce drame a accentué la conscience de la prévention. Considérant que des trains transportant des matières dangereuses, incluant le pétrole, continueront de passer par Rimouski pendant un certain temps encore et dans une optique de prévention maximale, le candidat à la mairie Pierre CHASSÉ s’engage à tout faire pour accélérer la mise à niveau du Plan des mesures d’urgence de la Ville en cas d’accident ferroviaire ou de déversement de matières dangereuses. Ce plan doit être partagé avec le Réseau de la santé et des services sociaux, le ministère des Transports, le ministère de la Sécurité publique – qui doit coordonner l’ensemble. Les autorités de la Ville doivent y inclure toute mesure d’adaptation aux effets des changements climatiques. Évidemment, la lutte à ces changements climatiques doit se continuer par ailleurs, de même que celle contre la dépendance aux énergies fossiles.»(10)

M.Chassé dit clairement que ce plan ne sera pas complété avant l'élection du prochain maire de Rimouski le 5 novembre prochain. Très contradictoire avec ce que le maire Parent a lancé à l'emporte pièce : « On parle d’un plan de sécurité civile qui est une brique imposante. Et on a également un plan particulier d’intervention destiné aux incendies ferroviaires. Ces deux plans sont déjà partagés avec tous les intervenants, bien qu’ils ne soient toujours pas officiellement adoptés.» (Marc Parent, 20 juillet 2017)

Pendant que la Ville de Rimouski tergiverse depuis des années autour de ce plan, le véritable et profond malaise qui s'est installé, c'est la question fondamentale à laquelle nos élu(e)s n'ont jamais voulu répondre : Est-ce que la ville refuse le projet Chaleur Terminals ?

Benoit St-Hilaire

Patricia Posadas

Alain Dion

Alexis Painchaud

Références:

  1. http://www.lavantage.qc.ca/actualites/politique/2017/7/20/le-maire-parent-sen-prend-a-lavantage.html

  2. Radio Canada, 15 novembre 2013, http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/641590/lac-megantic-tragedie-cles-decouverte )

  3. Ministère du développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques. http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/infuseur/communique.asp?no=2541

  4. http://www.lavantage.qc.ca/actualites/2014/11/3/transport-d-hydrocarbures-par-train-pro-3927480.html

  5. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/718408/train-rimouski-megantic-deraillement-securite-centre-ville

  6. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/738006/plan-urgence-specifique-deraillement-train-institutions-rimouski

  7. https://www.ville.rimouski.qc.ca/webconcepteurcontent63/000022830000/upload/decouvrez/communiques/riki2006/plan_action_2016.pdf (page 11)

  8. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006936/rimouski-securite-ferroviaire-train-petrole

  9. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1015906/remorque-lutte-incendie-hydrocarbures-levis

  10. https://www.facebook.com/pierrechasse2017/photos/rpp.1304221266338633/1436633106430781/?type=3&theater

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Prospérité sans pétrole est un regroupement citoyen du Bas-St-Laurent né du besoin d’informer, de consulter et de mobiliser la population sur les enjeux pétroliers liés aux hydrocarbures et ses alternatives afin de s'en libérer politiquement et économiquement afin de faire des choix politiques et économiques éclairés. Son mandat en est un d’organisation d’activités d’information sur les enjeux pétroliers liés aux hydrocarbures, de promotion des alternatives énergétiques et économiques existantes et de mobilisation tant auprès de la population que des instances décisionnelles régionales afin d'assurer une prospérité durable à tous et toutes.

Source : Prospérité sans pétrole Pour informations : Benoît St-Hilaire (418-732-7431)


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